Le Bambesch, symbole du destin tragique de la Ligne Maginot

Le destin du Bambesch est étroitement lié aux décisions discutables qui ont été prises du début de la construction de la Ligne Maginot jusqu'aux combats de juin 1940.

Défaut d'homogénéité de la Ligne, réductions budgétaires, retrait des troupes d'intervalle... rien ne lui aura été épargné. Malgré cette succession d'événements contraires, le Bambesch a combattu et vaillamment résisté le 20 juin 1940.

Position au sein de la Ligne Maginot

Le Bambesch est l'un des cinq ouvrages composant le Secteur Fortifié de Faulquemont. Par son manque cruel d'artillerie et le peu de profondeur de la position fortifiée, ce secteur est l'un des plus faibles de la Ligne Maginot. Il est le dernier secteur au sud de la Région Fortifiée de Metz ; son rôle était d'empêcher une invasion allemande le long de la Route Nationale 3 et de faire le lien avec le Secteur Fortifié de la Sarre, où se trouvent les fameuses inondations défensives connues sous le nom de Ligne Maginot aquatique.

Mobilisation de l'équipage

La première mission de la Ligne Maginot étant d'empêcher une attaque brusquée et de permettre la mobilisation complète de l'Armée Française, elle se devait d'être en état de combattre avant même une éventuelle déclaration de guerre.
Dès que la situation internationale se tendait, les ouvrages étaient donc occupés par leurs équipages et mis en état de combattre.
Le Bambesch connût donc plusieurs mobilisations successives au gré des événements : de mars à avril 1936 (remilitarisation de la Rhénanie), de mars à mai 1938 (Anschluss), de septembre à octobre 1938 (crise des Sudètes) et à partir du 21 août 1939 (crise du corridor de Dantzig).
Cette dernière alerte fut la bonne, puisqu'elle entraîna la déclaration de guerre entre la France et l'Allemagne le 3 septembre 1939.
Le Bambesch fut donc à compter de cette date occupé par la totalité de son équipage, qui passa toute la Drôle de Guerre à aménager la position (pose de barbelés, creusement de tranchées...).

Combats au Bambesch

Suite à la débâcle de l'Armée Française et à l'avancée irrésistible de la Wehrmacht, le Haut Commandement français décida le 12 juin 1940 de faire se replier vers le sud toutes les troupes présentes en Lorraine, y compris les équipages des ouvrages. Dans le Secteur Fortifié de Faulquemont, les troupes de surface (infanterie et artillerie de position) évacuèrent dès le 13 juin, suivies le 15 par les troupes des casemates d'intervalle. Le Bambesch et les autres ouvrages du secteur devaient évacuer à leur tour le 17 après avoir sabordé tous les équipements, mais un contre-ordre fut donné entre temps, demandant aux soldats du béton de tenir leur position face à l'avancée des allemands.

 

Dès le 15 juin, le Bambesch eut l'occasion d'ouvrir le feu sur des patrouilles allemandes venues en reconnaissance, leur occasionnant quelques pertes. Ces escarmouches se prolongèrent jusqu'au 20 juin, date à laquelle le IR 339 acheva l'encerclement des ouvrages du secteur et décida de placer des canons en batterie sur les arrières des ouvrages pour tester leur capacité de résistance et préparer une attaque généralisée.

 

L'artillerie allemande commença à ouvrir le feu sur le Bloc 2 du Bambesch le 20 juin aux alentours de midi. Très rapidement, les servants des canons de 88mm, 105mm et autres 37mm anti-char se rendirent compte que le Bambesch était dans l'incapacité de riposter, car les tirs provenaient d'un angle mort que les armes de l'ouvrage ne parvenaient pas à atteindre.

 

Tirant en toute impunité, les canons allemands parvinrent en quelques heures à perce le béton et la cloche GFM du Bloc 2. Le bloc devenant intenable, le Lieutenant Pastre ordonna à son équipage de l'évacuer et de se réfugier dans la galerie principale, à l'abri d'une porte blindée équipée d'un fusil-mitrailleur prenant en enfilade le débouché de l'escalier.

 

Dans le même temps, la tourelle à éclipse du Bloc 1 subit une avarie qui priva l'ouvrage de son meilleur moyen de défense rapprochée. Forts de leur succès sur le Bloc 2, les allemands purent donc entreprendre de se rapprocher du Bloc 3 pour le prendre à son tour à partie.

L'équipage se rendit compte que les tirs allemands avaient endommagé le système de ventilation de l'ouvrage et que l'air commençait à se charger dangereusement en monoxyde de carbone. Le Lieutenant Pastre prit donc la décision, avec ses officiers, de hisser le drapeau blanc sur l'ouvrage, afin d'éviter de sacrifier tout l'équipage dans un combat perdu d'avance et qui ne pouvait plus rien changer à l'issue de la guerre.

 

Vaincus après un combat très court mais extrêmement violent, l'équipage du Bambesch prit le chemin de la captivité. Les Alsaciens-Mosellans purent regagner leur foyer à la fin de l'année 1940, mais les autres durent attendre la fin de la guerre pour quitter les camps de prisonniers.

Le destin des autres ouvrages du Secteur Fortifié de Faulquemont

Outre le Bambesch, le S.F.F. comporte quatre autres ouvrages : du nord au sud, le Kerfent, l'Einseling, Laudrefang et Téting. Ces ouvrages connurent des destins bien différents après la chute du Bambesch.

Le Kerfent, l'ouvrage le plus au nord du secteur, était le vis-à-vis du Bambesch de l'autre côté de la RN3, dont il devait aussi assurer la couverture. Il était composé de trois blocs similaires à ceux du Bambesch auxquels s'ajoutait un observatoire situé très en avant de la position.


La chute du Bambesch le 20 juin 1940 précipita celle du Kerfent. En effet, les allemands purent l'attaquer par le sud sans être inquiétés, et neutraliser ainsi un de ses blocs à coups de canon. Ils profitèrent également du couvert de la forêt pour s'avancer à proximité du bloc d'entrée afin d'en défoncer les créneaux. 
Le Kerfent connût donc le même sort que le Bambesch et dût se rendre le 21 juin après un rude combat qui causa de lourdes pertes à l'assaillant allemand.

 

Les trois ouvrages qui formaient l'aile sud du S.F.F. parvinrent quant à eux à repousser les assauts allemands, grâce à l'action salvatrice des quatre mortiers de 81mm sous casemate du Laudrefang qui empêcha toute incursion ennemie à proximité des ouvrages de l'Einseling et de Téting. Dans l'impossibilité de faire tomber ces trois ouvrages, les allemands se résignèrent à attendre l'entrée en vigueur de l'armistice pour s'emparer du béton et de ses défenseurs qui devinrent, par leur action héroïque, les premiers résistants de France.

Prochaine ouverture

Dimanche 28 avril

Départs de visite : 14h, 15h et 16h

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